Image corporelle des adolescents :
5 idées reçues à démystifier cet été

En cette période estivale, les corps se dénudent sur la plage. Chacun se compare aux autres. Une épreuve, parfois cruelle, fonction de l’image corporelle que chaque adolescent a de lui-même. Pourquoi s’intéresser à cette image corporelle et plus particulièrement à celle des jeunes ? Comment se construit-elle? Comment l’influencer positivement ?

Hélène Buysshaert, diététicienne-nutritionniste, spécialisée dans la prise en charge des adolescents, explique ce qu’est l’image corporelle et démystifie sur 5 idées reçues.

Qu’est-ce que l’image corporelle ?

C’est la relation que chacun entretient avec son corps. Elle regroupe à la fois :

• nos émotions,
• nos pensées,
• nos sensations physiques.

Lorsqu’il existe un décalage entre l’apparence souhaitée et ce qu’une personne perçoit, on parle d’insatisfaction corporelle. Par exemple, une personne peut se trouver trop petite, trop grosse, pas assez musclée. Cette insatisfaction génère souvent une souffrance avec des conséquences significatives.

Comment influencer positivement l’image corporelle ?

A chaque affirmation, prenez le temps de réfléchir quelques minutes avant de lire les réponses.

1. Avoir une mauvaise image corporelle à l’adolescence est banal, ça passe avec le temps.

Non, Ce n’est pas parce que c’est fréquent, qu’il faut banaliser !

2 adolescents sur 3 expriment une insatisfaction corporelle. L’adolescence est une période de grand chamboulement pendant laquelle nous construisons notre identité. Le passage à l’âge adulte amène de nombreux changements :
• physiques (l’acné/la voix qui mue/les formes/ les règles/les poils)
• psychologiques (nouvelles responsabilités/ relations aux autres, à ses parents, ses amis, les professeurs, relations amoureuses),

Il s’agit d’une période pendant laquelle il est fréquent d’être préoccupé par son apparence. Ces préoccupations peuvent devenir excessives et impacter considérablement le développement de l’adolescent. Un jeune présentant une insatisfaction corporelle sera plus à risque de présenter une faible estime de soi, des troubles anxieux, des symptômes dépressifs, des symptômes d’évitements, des résultats scolaires plus faibles, des troubles des conduites alimentaires … Il est donc important de prendre soin de l’image corporelle à l’adolescence.

Comment agir pour aider l’adolescent ?

• Ouvrez le dialogue !

En tant que parent, à l’adolescence, ce n’est pas toujours simple. En cherchant à développer son autonomie, l’adolescent peut nous mettre à distance. Exprimez que vous êtes là pour échanger quand il en ressentira le besoin et assurez-vous que, dans son entourage, il peut se confier à un adulte référent (un membre de la famille, un entraineur, un éducateur, un soignant …)

• Portez attention à ses changements d’humeur, ses perceptions et ses comportements.

Une tendance à s’isoler, un refus de participer à certaines activités sociales, sportives jusque-là appréciées, des changements dans son alimentation, des repas pris majoritairement seul(e), un discours dévalorisant axé sur l’apparence, peuvent être des indicateurs d’une préoccupation excessive, voir obsessionnelle. N’hésitez pas à vous tourner vers un professionnel de santé pour vous aider.

2. Les réseaux sociaux sont responsables de l’insatisfaction corporelle des jeunes.

Oui, mais pas seulement !

Une multitude de facteurs influence notre image corporelle. Quatre éléments interagissent entre eux :

• Les caractéristiques physiques du jeune (poids, genre, moment de la puberté)
• Ses caractéristiques psychologiques : personnalité, estime personnelle, niveau d’attachement…
• Le contexte environnemental : média, culture, culte de la minceur, comparaison aux autres, exposition à l’image d’un modèle unique de beauté
• Les expériences interpersonnelles : nous avons tous des modèles dans notre vie, les parents, les amis, la famille, les enseignants, les éducateurs.

L’image corporelle est un processus évolutif, qui n’est pas figé dans le temps.

Comment aider les jeunes ?

• Aidez le jeune à développer un regard critique sur les standards de beauté, à prendre du recul sur tout ce qui peut l’influencer.
• Protégez-le de l’exposition aux réseaux sociaux en l’éduquant :
  Discutez de ce qu’il ressent lorsqu’il regarde des contenus en lien avec l’apparence, les régimes alimentaires ou l’activité physique à visée esthétique ou pour contrôler le poids.
• Aidez-le à trouver des contenus qui lui procurent du bien-être (vidéos humoristiques, loisirs créatifs, musique....).
• Montrez-lui comment repérer des images ou des vidéos retouchées, les montages abusifs types (faux avant/après), discutez des inconvénients de l’utilisation de filtres photo...

3. C’est important de féliciter un jeune pour sa perte de poids.

Pas forcément, un commentaire sur l’apparence peut faire du tort

Même s’il se veut positif, sous la forme d’un compliment : « tu as bonne mine, tu as minci ! », ce commentaire peut faire du tort. Faite sans intention de blesser, cette réflexion est trop souvent banalisée. Si la seule chose qui compte pour avoir de la valeur à nos yeux est notre apparence physique, cela engendrera forcément du mal-être.

Comment engager le dialogue ?

• Une perte de poids n’est pas forcément bien vécue et peut être aussi signe de mal être, de restriction. Assurez-vous du contexte, en posant des questions telles que : Comment tu te sens dans ton corps en ce moment ? Tu as meilleur mine, as –tu mis en place des changements ?
• Parlez de vous, des autres, de votre enfant en valorisant les qualités, les actions, les traits de caractère qui définissent bien mieux la personne que son apparence (tel que : la gentillesse, l’honnêteté, le sens de l’humour…)
• Encouragez votre jeune à s’intéresser à d’autres choses qu’à l’aspect purement esthétique.

4. Donner des conseils alimentaires à un ado qui verbalise son mal-être peut l’aider.

Non, les conseils alimentaires ne sont pas toujours bienvenus

Quand un jeune verbalise des complexes, il ressent souvent des sentiments de honte, de culpabilité. Si votre enfant verbalise mal vivre ses rondeurs, faire des commentaires quand il mange trop gras, trop sucré peut avoir des conséquences sur son comportement. Apporter un jugement sur le poids et l’assiette, même si vos paroles sont en rapport avec la santé ou ont une intention bienveillante, peut avoir des effets néfastes sur l’adolescent qui les entend.

Comment recentrer vos conseils ?

• Recentrez la conversation sur l’écoute des signaux corporels : la faim – rassasiement- satiété, l’importance d’être actif (ve) physiquement pour le plaisir.
• Précisez-lui que l’équilibre alimentaire se fait sur plusieurs semaines avec des repas variés. Proposez-lui de réfléchir ensemble sur les menus de la semaine.
• Réalisez une activité ensemble : balade à vélo, aller à la piscine, un tennis …

5. Critiquer l’apparence du jeune en sa présence impacte la relation qu’il a avec son corps.

Oui, une critique d’un adulte référent a un impact.

En tant que parent ou membre de l’entourage proche, vous jouez un rôle important dans le développement de l’image corporelle de l’adolescent. Vous faîtes partie des modèles auxquels il s’identifie. Votre propre image corporelle, vos comportements alimentaires et les jugements que vous posez sur votre poids, votre apparence constituent des repères importants pour lui.

Comment être un modèle ?

• Prenez conscience de vos croyances et réflexes !

Les messages stéréotypés sont tellement banalisés dans notre société, qu’il est possible de les transmettre sans même en avoir conscience. Faites un petit retour en arrière : Identifier les messages entendus pendant votre enfance, véhiculés dans votre environnement, qui vous ont amené à avoir des pensées automatiques pour réfléchir à ce que vous souhaitez transmettre.

• Exposez votre enfant à la diversité corporelle, culturelle, et de genre dans les lectures, les films que vous proposez.

Pour aller plus loin :

• Podcast : Au-delà du miroir : Réflexions sur l’image corporelle : comment aider nos ados à être bien dans leur peau www. Equilibre.ca
• Mooc – une image corporelle positive - Haute école de santé Genève – Filière Nutrition et diététique.
• Pour que mon corps soit : 50 activités pour développer une relation plus positive avec son corps – Marie- Michèle Ricard Psychothérapeute – JFD édition

Bélénos-Enjeux-Nutrition et l’ensemble des professionnels de santé que constitue son réseau, s’attèlent depuis 2004 à proposer des actions de prévention nutritionnelle sur mesure pour les jeunes, leurs parents afin d'encourager les comportements favorable à la santé.

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