Hydratation des seniors :
5 questions pour prévenir la déshydratation

Avec les fortes chaleurs, de plus en plus fréquentes, les personnes âgées sont particulièrement exposées au risque de déshydratation. Veiller à l’hydratation de nos aînés est important, d’autant qu’avec l’âge, la sensation de soif s’amenuise. L’appétit également diminue et avec lui l’apport hydrique provenant des aliments.

Pourquoi les seniors sont-ils plus à risque de déshydratation ? Comment repérer les signes de déshydratation ? Quelles en sont les conséquences ? Que faire si quelqu’un de votre entourage est déshydraté ? Comment peut-on prévenir la déshydratation ?

Le docteur Isabelle Durack, endocrinologue et nutritionniste répond à ces questions en vous donnant des conseils pour prévenir la déshydratation.

1. Pourquoi les seniors sont-ils plus à risque de déshydratation ?

Avec l’âge, le corps régule moins sa balance hydrique

L’avancée de l’âge s’accompagne de changements physiologiques qui affectent la régulation de la balance hydrique :

• Après 60 ans, la teneur corporelle totale en eau n’est plus que de 52 % chez les hommes et 46 % chez les femmes.
• Les réserves en eau du corps diminuent.
• La perception de la soif s’atténue expliquant des apports hydriques moindres au quotidien.
• La capacité du rein à concentrer l’urine diminue et les reins retiennent moins les liquides.

Des maladies et leurs traitements peuvent être en cause

• Les maladies
  Une déshydratation peut survenir lors de certaines maladies qui se manifestent par des symptômes telles que la diarrhée, la fièvre, le vomissement. C’est le cas des maladies infectieuses mais aussi du diabète, fréquent avec l’âge. Mal contrôlé, le diabète est responsable d’un excès de glucose dans le sang qui entraine une augmentation de la fréquence et de la quantité des urines, avec des risques importants de déshydratation.

• Les médicaments
  Les personnes âgées reçoivent souvent de nombreux traitements dont les effets indésirables ne sont pas toujours pris en compte. Il est, par exemple, indispensable de veiller aux apports hydriques des personnes âgées prenant des diurétiques ou des laxatifs, médicaments qui entrainent des pertes hydriques. Par peur de l’incontinence liée à la prise de diurétiques ou à l’existence de fuites urinaires, certains seniors diminuent délibérément la prise de boissons, surtout en fin de journée.

Un accès à l’eau plus difficile

Du fait d’une altération de la mobilité, de difficultés de déglutition, d’altérations cognitives, de troubles visuels ou de la compréhension ou de la communication, certaines personnes âgées ont des difficultés à boire ou à accéder aux boissons. Un isolement au domicile, un manque de personnel assistant la personne âgée en institution peuvent aussi être un facteur limitant l’hydratation tout au long de la journée.

Des conditions climatiques favorisantes

Les fortes chaleurs sont de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique. Les vagues se succèdent, à présent, sur des périodes plus longues. Les risques de déshydratation sont, par conséquent, multipliés. Mais l’hiver peut-être également source de déshydratation avec le développement des infections saisonnières à l’origine de fièvres.
Il n’est pas rare que l’ensemble de ces facteurs se conjugue chez une même personne, ce qui potentialise le risque de déshydratation.

2. Comment repérer les signes de déshydratation ?

Quand une personne âgée signale sa soif, c’est qu’elle est déjà déshydratée. Il s’agit d’un signe tardif.
Il n’est donc pas aisé de repérer les signes de déshydratation en l’absence de plainte. La déshydratation peut se manifester par une multitude de signes : chute de l’attention, fatigue, sécheresse des muqueuses de la bouche, cernes oculaires… Mais aussi, une fièvre sans cause, une constipation, des vertiges avec ou sans chute, une confusion, un état léthargique voire une baisse du niveau de conscience avec hallucinations : autant de signes atypiques qui peuvent traduire une déshydratation.
Chaque jour, l’organisme perd environ 2,5 litres d’eau (urines, sudation, respiration, selles…).
Etre déshydraté, cela veut aussi dire n’être plus capable de transpirer, de produire des larmes.
Les urines se foncent et deviennent rares. C’est un bon indicateur de déshydratation.

En institution, une perte de poids rapide, une chute tensionnelle, une peau moins élastique qui marque le pli alertent les soignants sur l’éventualité d’une déshydratation.

3. Quelles sont les conséquences d’une déshydratation ?

Une déshydratation complique le traitement d’un certain nombre de maladies en augmentant le risque d’accidents thrombo-emboliques, d’infections ou de lithiases urinaires, d’hyperthermie, d’hypotension orthostatique…
Rapidement une déshydratation passée inaperçue peut engager le pronostic vital.
Alors, s’il est important de reconnaitre les signes de déshydratation, il est primordial de prévenir sa survenue.

4. Que faire en cas de déshydratation ?

Compenser les pertes hydriques

La première des choses à faire est de compenser les pertes hydriques en donnant à boire fréquemment et plus que d’habitude de l’eau mais aussi des boissons riches en sel et en sucre (eau sucrée, bouillon de légumes…).

Mettez la personne à l’abri de la chaleur

en la déplaçant à l’ombre, en mettant en marche le ventilateur ou la climatisation. Débarrassez-la de ses vêtements trop serrés ou trop proches du corps.

Donner l’alerte

Si vous constatez des signes de déshydratation sévère ou si vous n’êtes pas sûr, il vaut mieux signaler la situation aux soignants : médecin traitant, samu ou équipe de l’institution.

5. Comment peut-on prévenir la déshydratation ?

L’eau est la seule boisson indispensable à l’organisme humain. Il est recommandé de boire sans attendre la soif surtout avec l’avancée de l’âge; au moins 1,5 litres d’eau par jour, davantage quand il fait chaud ou lorsqu’on pratique une activité physique.

Quelques astuces et automatismes à avoir dès le plus jeune âge 

• Ayez toujours une bouteille d’eau à proximité que vous soyez à l’intérieur ou à l’extérieur
• Privilégiez les petites quantités de boisson mais tout au long de la journée
• Variez les eaux ; plate, aromatisée, gazeuse ou gélifiée en cas de troubles de la déglutition
• Associez les prises à des activités quotidiennes : lever, repas, activité physique, prise de médicaments…
• Consommez régulièrement des fruits et légumes, aliments riches en eau

L’alimentation contribue, en effet, à apporter en moyenne 1 litre d’eau, par la consommation d’aliments qui en sont riches. Les fruits et légumes constitués en moyenne de 70 à 80% d’eau, complètent cette couverture des besoins hydriques. Pour équilibrer les pertes de liquide de l’organisme, apportez des boissons sous toutes leurs formes à raison d’environ 1,5 litres d’eau soit environ 8 verres par jour : De l’eau, du thé, du café, des infusions, mais aussi, du lait, des jus de fruit et des potages ou des soupes froides.

Exemple de boissons à étaler sur une journée :

• Au réveil : un verre d’eau
• Petit déjeuner : un grand bol de café au lait + un verre de jus de fruit
• Déjeuner : 2 à 3 verres d’eau
• Gouter : Un thé
• Dîner : 1 assiette de gaspacho de tomates + 1 à 2 verres d’eau
• Soirée : 1 infusionL’été est là, vous souhaitez diffuser des messages de prévention pour une bonne hydratation ?